2 romans lorrains à lire
pendant le confinement

“Cinq cartes brûlées”, le dernier thriller de la romancière lorraine Sophie Loubière.

Le dernier roman de Sophie Loubière est paru aux Editions Fleuve en janvier dernier.
Mêlant habilement suspens et sujets profonds, les pages se succèdent à un rythme intense.

Un fait-divers lorrain comme point de départ

Romancière et journaliste d’origine lorraine, Sophie Loubière débute sa carrière à la radio. Elle exerce notamment sur les ondes de France Inter et Radio France. Nancy l’a vue naître et grandir. Bien qu’installée aujourd’hui à Paris, Sophie Loubière reste profondément attachée à ses racines. La Lorraine est d’ailleurs présente dans la plupart de ses livres, « Black Coffee » et « White Coffee » pour ne citer qu’eux. « Cinq cartes brûlées » ne déroge pas à la règle. Véritable thriller psychologique, le roman s’inspire d’un fait divers (macabre) qui s’est déroulé à Nancy.

Une histoire émouvante

Une chambre d’hôtel. Un couple. Du sang. Le décor est planté dès les premières pages.
Le roman s’installe ensuite et dépeint le parcours de vie de l’héroïne, Laurence, que l’on voit grandir et évoluer sous la plume de l’auteure. De bébé détesté avant même sa naissance par un frère aîné jaloux, Laurence devient cette jeune fille ronde mal dans sa peau, moquée par son frère et qui ne cesse de chercher le regard admiratif de son père. Les années passant, elle devient une sportive ambitieuse qui semble trouver sa voie professionnelle. Puis on la découvre en jeune femme dévouée à sa famille et surtout à ce frère exécrable qu’elle continue à idolâtrer malgré tout. Femme métamorphosée, Laurence semble enfin reprendre le contrôle de son corps et de sa vie… Mais les apparences sont souvent trompeuses, Sophie Loubière nous l’apprend à nos dépends !

Un thriller aux sujets profonds

Le déchirement familial apparait en toile de fond, les relations parents/enfants sont questionnées tout au long du roman. Le thème de la violence au sein d’une fratrie, peu abordé en littérature, est ici central. Celui de la dépendance, aussi. Laurence peine à panser ses blessures et à combler un vide en se réfugiant dans la nourriture. Ce plein qui l’apaise et qui pourtant l’anéantit, est le fil rouge de ce thriller. Le lecteur accompagne Laurence dans cette vie de souffrance et assiste en témoin impuissant mais compatissant, à sa descente aux enfers.

Un roman addictif et bouleversant

Le roman bouleverse les codes traditionnels de la narration. Les souvenirs propres à Laurence succèdent à l’histoire qui nous est contée. Avec ces deux narrateurs, le lecteur doute, s’interroge, peine à démêler le vrai du faux, ses certitudes sont ébranlées….
Un climat malaisant s’installe au fil des pages. Et pourtant ce roman terriblement addictif empêche le lecteur d’interrompre sa lecture. Jusqu’à la fin, Sophie Loubière ménage le suspens et nous tient en haleine. Un roman poignant et déconcertant à lire absolument !

“Leurs enfants après eux”, le roman de Nicolas Mathieu, récompensé du prix Goncourt 2018

La Lorraine semble être une source d’inspiration pour le romancier vosgien. Et cela lui réussit ! Avec “Leurs enfants après eux”, Nicolas Mathieu s’est vu récompensé du Prix Goncourt en 2018. L’auteur se lance dans une fresque sociale pour laquelle une Lorraine post-sidérurgique sert de cadre.

Un ancrage lorrain manifeste

Dans son premier roman “Aux animaux la guerre” (par ailleurs adapté en série par France Télévisions) Nicolas Mathieu situait son intrigue dans les Vosges.
L’auteur s’inspire une nouvelle fois de ses racines lorraines dans “Leurs enfants après eux”. Ici, l’histoire se déroule dans une vallée de l’Est de la France qui ressemble à s’y méprendre à la Lorraine. Mais une Lorraine à l’ère post-industrielle où la vie semble figée et où les hauts fourneaux des anciennes cités sidérurgiques de la vallée de la Fensch se sont éteints. Un passé empreint de nostalgie et de fierté. L’arrêt de l’activité sidérurgique et la fermeture des usines marquent aussi la fin d’une époque pour toute une génération, et le début d’une nouvelle, inconnue et incertaine.

L’adolescence et les inégalités sociales en toile de fond

Dans la torpeur de l’été, Anthony et son cousin s’ennuient. C’est le début des années 90 et pour ces ados, cette période est celle de l’insouciance, des excès, de la fête avec les copains, des premiers émois amoureux. Anthony, Steph, Hacine et tous les autres incarnent cette jeunesse, emplie de colère et de rage qui rêve de fuir leur quotidien. Chacun essaie de faire des choix et trouver sa voie dans ce monde où tout semblait “plus facile avant “. Au fil des pages, on s’attache à ces ados pleins de questionnements, de rêves et d’espoirs brisés.

Nicolas Mathieu pénètre l’âme humaine avec habileté et finesse. Avec un réalisme parfois un peu brutal, il donne vie à ses personnages qui n’ont l’étoffe ni de héros, ni de victimes. Il alterne avec talent, avec un style exalté, presque lyrique. Il réussit à retranscrire avec justesse ce lien indéfectible que l’on entretient avec notre territoire, qu’il résume comme une “effroyable douceur d’appartenir”.

Bon plan : plus de 100 000 médias en accès gratuit pendant le confinement

Les bibliothèques du Sillon Lorrain (Metz, Nancy, Thionville, Epinal) ont pensé à vous pour passer le temps durant le confinement liée au Covid-19. Inscrivez-vous gratuitement à Limédia Mosaïque pour accéder à ses 100 000 médias (ebooks, presse, revues, musique, cours de langue et soutien scolaire…).

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Bonne lecture !